vendredi 18 mai 2012

Compte rendu critique: "Le combat d'hiver" de Jean-Claude Mourlevat


Le combat d’hiver est un roman jeunesse riche en émotions qui revisite la critique des régimes totalitaires en l’adaptant parfaitement aux adolescents ! Roman à lire qui risque d’en séduire plus d’un…


Milena Bach et Helen sont amies et vivent dans le même internat exclusivement féminin. Un soir, Helen décide d’aller voir sa consoleuse et demande à Milena de l’y accompagner. Cette sortie est acceptée par les surveillantes pour autant qu’elles soient rentrées dans les trois heures qui suivent, sinon une de leur camarade sera enfermée au cachot. Sur le chemin qui mène au village des consoleuses, les deux jeunes filles croisent deux élèves de l’internat masculin, Milos et Bartolomeo. Ils discutent alors tous les quatre et s’échangent leurs noms et leurs classes afin de pouvoir s’écrire. Lors de chaque visite chez les consoleuses, l’accompagnatrice doit attendre le retour de son amie dans la petite bibliothèque, cependant, ce soir-là, quand Helen va rejoindre Milena, cette dernière a disparu en lui laissant une lettre dans laquelle elle lui demande de l’excuser et de demander pardon à leur camarade qui sera punie à sa place. Helen rentre donc seule ce soir-là. Quelques jours après cet évènement, elle décide d’écrire la première à Milos et celui-ci lui donne rendez-vous un soir pour lui parler, il sait pourquoi Milena s’est enfuie. Lors de ce rendez-vous, Helen apprend que son amie est partie avec Bartolomeo. Ils veulent poursuivre ce que leurs parents avaient entrepris quinze années plus tôt : s’opposer à la Phalange. En effet, tous les orphelins réunis dans ces internats sont en réalité les enfants d’anciens résistants qui ont été tués. Après avoir libéré la jeune fille enfermée dans le cachot depuis que Milena n’est pas rentrée, les deux adolescents décident de rejoindre leurs amis dans ce combat. Entre les hommes-chiens que la Phalange a lancés à leur poursuite et les combats de gladiateurs auxquels Milos sera obligé de participer pour avoir tué un officier de la Phalange ainsi que le maitre-chien, leur combat pour la liberté et pour la mémoire de leurs parents est loin d’être gagné… Et pourtant !


Jean-Claude Mourlevat est un écrivain pour la jeunesse. Il fut d’abord professeur d’allemand avant de travailler dans le théâtre, d’abord en tant que metteur en scène, ensuite en tant qu’acteur dans le théâtre clownesque. Son premier texte publié a été un album chez Mango en 1997. Il ne savait, alors, pas que c’était le premier d’une longue liste.
Le combat d’hiver est un roman fantastique. En effet, les « hommes-chiens » ainsi que l’ambiance froide et terrorisante qui règne aussi bien dans l’internat que lors du voyage et du combat des adolescents le démontrent clairement. Cependant, il n’est pas simplement fantastique, il va plus loin et relate cette histoire pour mettre le lecteur en garde contre le type de société qui y est décrite. C’est donc également une dystopie qui dénonce le régime totalitaire mais aussi l’absence de liberté et le maintien dans l’ignorance. Malgré cette dimension plus subtile, ce roman est bel et bien adressé à des adolescents et semble être écrit pour leur inculquer des valeurs.



Jean-Claude Mourlevat, écrivain pour la jeunesse, nous a habitués à des romans qui peuvent, parfois, se montrer très enfantins. Prenons l’exemple de La ballade de Cornebique, il est destiné à des enfants à partir de 9 ans. L’histoire qui s’y déroule n’est donc pas très profonde, son but est plutôt de divertir le jeune lecteur à l’aide d’une écriture ludique et de comiques de situation. Par contre, Le combat d’hiver relate une histoire beaucoup plus sérieuse, qui, malgré qu’il soit destiné à la jeunesse, peut tout à fait s’adresser à des adultes. En effet, ce roman traite d’un sujet plus profond, il dénonce les régimes totalitaires et tout ce qu’ils impliquent : le maintien du peuple dans l’ignorance, l’absence de liberté, la barbarie, etc. Ce roman consiste donc en une dystopie qui, bien qu’adressée à la jeunesse, demande par conséquent une certaine maturité et une certaine connaissance de l’Histoire et de la politique totalitaire. Malgré que ce thème soit très souvent rencontré dans la littérature, il n’en reste pas moins intéressant, d’autant plus lorsqu’il s’adresse à des adolescents en train de fonder leurs propres opinions, de se créer une personnalité et de choisir les valeurs qu’ils défendront. Effectivement, en plus de les mettre en garde en dénonçant les travers de ce système politique, ce livre est porteur de valeurs que l’auteur essaye de transmettre aux lecteurs : la solidarité, la défense de sa manière de penser voire la résistance, le courage, la volonté et, bien sûr, la liberté. C’est donc en cela que ce livre, malgré qu’il soit plus subtil que certains autres écrits du même auteur, reste parfaitement adapté à la jeunesse : il ne s’arrête pas au divertissement mais touche également à l’éducation. De plus, malgré sa subtilité, il reste tout à fait accessible aux jeunes lecteurs grâce à son écriture claire et aux nombreuses émotions qu’il transmet, points communs de tous les romans de Jean-Claude Mourlevat. En effet, entre les moments de joie partagés entre les amis lors de leur combat mais aussi lors de leur réussite et les moments de tristesse capables de vous mettre la larme à l’œil, notamment lorsque Milos se fait assassiner par un autre gladiateur et lorsque ses amis l’apprennent, ce roman, riche en émotions, est très captivant. Le suspens est à son comble et les surprises au rendez-vous. Il ne fait pas partie des romans entièrement prévisibles qu’il est ennuyeux de lire. La narration que l’auteur utilise dans ce livre joue également un rôle important dans l’entrain que provoque ce roman. En effet, le fait de raconter les histoires des différents adolescents parallèlement en les faisant s’entrecroiser est 
très intéressant et donne une certaine dynamique à l’histoire.

Pour ce qui est du sujet traité, le thème principal abordé par l’auteur dans ce roman est, comme déjà expliqué, la politique et plus particulièrement la critique des régimes totalitaires et des conséquences qu’ils impliquent. Ce thème, comme vous le savez, a eu beaucoup de succès en littérature et plus particulièrement dans les dystopies. 1984 de Georges Orwell en est un bel exemple. En effet, ce roman d’anticipation critique également le régime totalitaire, la société de la surveillance et la réduction des libertés à travers les trois slogans « La guerre, c’est la paix », « La liberté, c’est l’esclavage » et « L’ignorance, c’est la force » mais aussi à travers les affiches posées dans les villes « Big Brother vous regarde ». Dans la même optique, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury critique une société qui ne laisse aucune place aux valeurs humaines ni au savoir, tous les livres sont d’ailleurs brûlés. Ces deux ouvrages sont donc très proches dans leur critique de celui de Jean-Claude Mourlevat qui illustre cette absence de liberté et ce maintien dans l’ignorance à travers l’emprisonnement des enfants d’anciens résistants à la Phalange dans des internats ainsi qu’à travers le fait que les livres auxquels ont accès ces adolescents soient contrôlés par les dirigeants. Ces trois romans divergent, cependant, entre autres, dans la fin qu’ils proposent. Ainsi, si 1984 se termine mal dans le sens où la société totalitaire l’emporte sur le héros qui veut en sortir, Fahrenheit 451 s’achève sur une note d’espoir et Le combat d’hiver aboutit à une révolution qui renversera le gouvernement.

Ce roman étant une dystopie, le but de l’auteur n’est pas de relater un fait passé mais de critiquer un régime politique dans sa généralité. C’est dans les procédés utilisés pour rendre cet aspect que Jean-Claude Mourlevat se distingue des autres auteurs auxquels je l’ai comparé. Tout d’abord, il ne situe son histoire ni dans le temps ni dans l’espace. Ainsi, la critique du régime totalitaire ne vise pas particulièrement le nazisme, le franquisme, le stalinisme ou quelque autre dictature, mais vise toutes les sociétés sous une politique totalitaire en tout lieu et tout temps, qu’elles soient passées ou à venir. Le fait que l’auteur choisisse des noms et prénoms de toutes origines pour ses personnages accentue cet effet et illustre les conséquences qu’un tel régime peut provoquer dans la vie d’adolescents quel que soit l’endroit où ils vivent. Aussi, il invente une histoire fictive, qu’il est donc impossible d’associer de manière certaine à un élément de notre Histoire, à laquelle il ajoute des éléments fantastiques tels que les « hommes-chiens » ou les « hommes-chevaux » qui invitent à postposer cette histoire dans le futur et l’interpréter dès lors comme une anticipation. Il rend, par conséquent, à l’aide de ces différents procédés, son histoire adaptable à toute époque et à tout endroit.

Lire ce roman peut donc s’avérer une révélation pour les lecteurs qui n’apprécient pas particulièrement cet auteur, ainsi qu’un moment de bonheur supplémentaire pour ceux qui l’aiment déjà.


Sources:
BRADBURY (Ray), Fahrenheit 451, trad. Robillot Henri et Chambon Jacques, Paris, Gallimard, coll. « Folio SF », 2000.    
MOURLEVAT (Jean-Claude), La ballade de Cornebique, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. « folio junior », 2009 (1re éd. 2003)
MOURLEVAT (Jean-Claude), Le combat d’hiver, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. « Pôle fiction », 2010 (1re éd. 2006).
MOURLEVAT (Jean-Claude), « Mon itinéraire », Jean-Claude Mourlevat, 2011, http://www.jcmourlevat.com/itineraire.html, consulté le 5 mai 2012.
ORWELL (Georges), 1984, trad. Audiberti Amélie Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1972.






jeudi 17 mai 2012

"Les parents terribles" de Jean Cocteau

J’ai aimé lire Les parents terribles bien que le plaisir que cette lecture m’ait procuré ne soit pas comparable à celui que m’a procuré Une pièce montée

Commençons par le négatif si on peut dire… Je sais que les vaudevilles étaient très à la mode à cette époque et je ne critique certainement pas ce genre théâtral mais je pense qu’il a fait son temps. Je ne sais pas si d’autres personnes sont de mon avis mais je trouve cette mise en scène un peu « bateau », toujours un homme trompé qui est amené à se retrouver au même moment au même endroit que la femme infidèle et son amant… C’est tellement courant que cela parait même banal !

Cependant, il faut tenir compte du fait que je l’ai lu en 2012, les personnes qui sont allées voir cette pièce ou qui l’ont lue à l’époque où elle a été écrite ont certainement été charmées ! Car il est clair que c’est un vaudeville en bonne et due forme mais ici l’auteur pousse le comique de situation jusqu’à la relation paternelle entre l’homme cocu et le jeune amant. Je n’ai pas beaucoup de connaissances concernant les vaudevilles, je ne sais donc pas si Jean Cocteau a innové en ajoutant les relations familiales à la structure habituelle de ce genre théâtral mais je pense, en tout cas, que c’est une très bonne idée. Quitte à exploiter le comique de situation, autant l’exploiter à fond ! De plus, l’auteur ajoute ici aussi la rencontre de la femme trompée avec la maitresse de son mari alors que ce dernier est lui aussi présent. Il ne s’agit donc pas d’un simple vaudeville mais celui-ci a été complexifié et agrémenté d’autres comiques de situation. J’ai beaucoup aimé le travail que l’auteur a dû fournir pour créer cette pièce et l’imagination qu’il a déployée. Il ne s’est pas contenté d’écrire un vaudeville, mais il a également apporté des éléments supplémentaires à ce genre !

À coté de cela, j’ai trouvé ce livre très facile à lire. En effet, l’histoire est assez prenante et le lecteur a toujours très envie de lire la suite. Cette pièce se lit donc très vite et est, il faut bien le reconnaître, très agréable à lire !

De plus, si je n’avais pas lu la quatrième de couverture (dont je parlerai plus tard), je ne me serais pas du tout attendue à ce dénouement tragique ! Vu les comiques présents dans toute la pièce, je n’aurais jamais deviné qu’elle se terminerait aussi mal… En général, je préfère les fins heureuses mais, dans ce cas, la fin tragique a, selon moi, atténué l’effet « bateau » du vaudeville et lui a apporté un aspect sérieux qui avait un peu manqué jusque là.

Voilà en quelques mots, ce que j’ai pensé de la pièce Les parents terribles de Jean Cocteau. Ce n’est pas ma lecture de l’année mais une pièce agréable à lire et, il me semble, plutôt recherchée que je conseillerais volontiers.

Un thème abordé qui me semble intéressant
(Photo d'une représentation théâtrale de cette pièce)
Si le thème de l’amour est évidemment principalement présent dans cette pièce (que ce soit l’amour entre Yvonne et Georges, entre Léonie et Georges, entre Madeleine et Georges, entre Michel et Madeleine ou même entre Yvonne et Michel), c’est le thème du suicide que j’ai décidé d’exploiter ici.
Ce thème est déjà présent au tout début du livre. En effet, Yvonne tente de se suicider parce que son fils n’est pas rentré de la nuit et ne l’a pas prévenue, elle s’attend donc au pire. J’imagine que, dans ce cas, le suicide a été utilisé pour caricaturer la situation. Personnellement, j’ai trouvé cette tentative de suicide complètement ridicule. Je suppose que le but était de critiquer les bourgeois capricieux qui profèrent des menaces de ce type quand ils sont contrariés. Cependant, je trouve, pour ma part, que cet évènement discrédite quelque peu la pièce. De plus, je n’ai pas trouvé ce passage drôle. Je ne suis pas une experte concernant les coutumes des familles bourgeoises de l’époque mais je ne pense tout de même pas que le suicide en faisait partie. Il rendait donc ici la pièce irréaliste alors que ce qui est drôle dans ce genre de pièces est, je trouve, justement de s’imaginer qu’une telle situation arrive réellement.
Si la pièce commence de cette façon, elle se termine de la même manière. L’idée en soi n’est pas mauvaise. Cependant, encore une fois, le suicide semble un acte irréfléchi, tout à fait spontané et accompli pour des raisons futiles. Je n’aime pas l’idée de mettre en scène le suicide de cette façon. La fin de cette pièce ne m’a absolument pas émue et je ne pense d’ailleurs pas que le but de l’auteur était d’émouvoir… Je préfère nettement quand le suicide est mis en scène dans des pièces réellement dramatiques et bien plus émouvantes comme, l’une des plus émouvantes, Roméo et Juliette. Là, on comprend parfaitement le mal que les amoureux peuvent ressentir et le suicide dans leur cas ne parait pas ridicule, il semble simplement être, pour eux, la seule issue à leur amour. Tout ceci n’empêche pas que, comme je l’ai dit lorsque j’ai donné mon avis, le fait que la pièce se termine mal lui apporte un côté sérieux dont elle manquait beaucoup et qui est donc le bienvenu. Dommage d’avoir, pour ce faire, imaginé un suicide de gamine capricieuse qui ne voulait pas réellement mourir mais qui n’y échappera, cette fois, pas.
Ayant appris, en faisant des recherches sur la biographie de Jean Cocteau, que son père s’est suicidé alors qu’il n’avait que 9 ans, je suppose que ce thème tenait particulièrement à cœur à cet auteur et je comprends donc qu’il l’exploite dans ces œuvres. Peut-être ne percevait-il, pour sa part, pas le caractère dérisoire des raisons de la tentative ratée et de la tentative accomplie de suicide d’Yvonne ou, comme je l’ai proposé un peu plus haut, peut-être a-t-il joué sur ce caractère dérisoire pour se moquer des bourgeois capricieux… Quoi qu’il en soit ces suicides qu’ils soient « raté » ou « accompli » n’ont provoqué chez moi aucune émotion : ni l’envie de rire, ni de la tristesse, ni quoi que ce soit d’autre si ce n’est, en quelque sorte, de l’ennui.
Je tenais quand même à faire une petite remarque quant à l’extrait choisi pour illustrer la quatrième de couverture… Quel dommage d’avoir choisi un extrait de la scène finale ! Comme je l’ai dit précédemment, je ne me serais absolument pas attendue à une fin tragique si je ne l’avais pas lu. Cet extrait a donc gâché, chez moi, l’effet qu’aurait produit une fin surprenante.

mardi 15 mai 2012

"Une pièce montée" ou "4 mariages pour une lune de miel", l'apparence avant tout!


Une pièce montée de Blandine Le Callet décrit un mariage bourgeois en nous proposant, à chaque chapitre, le ressenti d’un nouveau personnage lors de la cérémonie ou de la soirée. On voyage ainsi des sentiments éprouvés par une petite demoiselle d’honneur qui se rend compte de la méchanceté des adultes et décide de ne plus leur obéir à ceux de la mariée un peu trop exigeante qui découvre le soir de son mariage un important secret de famille, en passant par le curé qui a célébré la cérémonie, des membres de la famille proche ou plus éloignée, un ami de la mariée qui se prend pour un Don Juan et bien sûr le marié !

Ce défilé de personnages apporte un côté humoristique à ce livre et permet de faire des liens entre chaque récit en notant les différences et les ressemblances des ressentis chez chaque personnage au même instant. En plus d’être drôle, Une pièce montée peut aussi se montrer très touchant et émouvant par moments.
Bref, un mélange d’émotions très agréable à lire !



J’ai A-DO-RÉ ce livre ! J’ai lu ce livre d’une traite sans plus pouvoir m’arrêter !

Je l’ai tout d’abord trouvé très amusant. Certains passages m’ont fait beaucoup rire. Je parle, entre autres, de l’épisode ou Marie, pour choisir son chapeau, va se placer au milieu du magasin, tourne sur elle-même en fermant les yeux, s’arrête le doigt pointé dans une direction, se rend à cet endroit sans lever les yeux et les lève enfin pour découvrir quel chapeau elle portera au mariage de sa sœur !

De plus, je pense que, étant donné la diversité des personnages, il est impossible de ne pas s’identifier à l’un d’entre eux ! Je me suis, pour ma part, identifiée à des facettes de la personnalité de plusieurs personnages! Je me suis tout d’abord identifier à la petite Pauline qui a compris que ses tantes voulaient exclure Lucie du cortège et des photos et qui a été très déçue et triste de ce comportement. Ensuite à Marie qui, comme moi, n’a pas le don d’assembler ses vêtements. Mais aussi à Bérengère car, comme elle mais aussi comme beaucoup d’autres jeunes filles, je rêve d’un mariage de princesse et, comme elle, je ferai de mon mieux pour qu’il soit réussi (sans bien sûr aller jusqu’à exclure les personnes moins agréables à regarder de mes photos de mariage !).

Il faut dire aussi que le thème m’a beaucoup plu ! J’adore les mariages et j’aime surtout assisté à ceux de mes proches. J’en garde toujours de très bons souvenirs ! Ce thème était d’autant plus intéressant que le mariage semble de moins en moins indispensable. Mes parents étant assez traditionnels, j’ai été élevée dans un milieu où le mariage est important et je ne m’imagine pas avoir un jour un enfant avec un homme qui ne serait pas mon mari. Cependant, de moins en moins de gens pensent de cette manière. Pour eux, le mariage ne représente qu’un morceau de papier qui officialise la relation mais qui, concrètement, n’y apporte pas grand-chose de plus et ne veut en aucun cas dire que les personnes s’aiment plus qu’avant. Et, objectivement, ce que prétendent ces personnes n’est pas réellement faux… Ca ne m’empêche pas de rêver de mon futur mariage en respectant tout à fait leur point de vue.

Enfin, ce qui est, je pense, le point le plus important de cet avis, ce livre est une satire qui dénonce la superficialité des bourgeois et de ce type de mariage. Bien que Blandine Le Callet ait caricaturé ses personnages de façon assez drôle et assez bien faite surtout, elle n’a pas su changer l’opinion que j’ai de ces mariages… Il est évident que je ne marierai jamais uniquement pour avoir de belles photos, le plus important pour moi reste tout de même les sentiments entre les mariés et l’engagement que le mariage représente. Cependant, je ne suis pas choquée par le fait que la mariée fasse de son mieux (même si elle en fait parfois trop) pour que son mariage soit parfait. Je dois bien avouer que si, quand le moment sera venu, j’ai les moyens de me le permettre, j’essayerai d’organiser un magnifique mariage dans un magnifique endroit avec une magnifique robe. Je conçois que cela puisse paraitre un peu superficiel mais je trouve important de garder un beau souvenir de cette journée et si on en a les moyens, autant se les offrir ces belles photos ! C’est pour cette raison que l’auteure a caricaturé ses personnages, je pense que si elle n’avait pas poussé le vice chez Bérengère au point d’exclure la petite trisomique du cortège et des photos, son livre n’aurait pas fait le même effet et n’aurait peut-être même pas choqué ! Si l’on exclut ces quelques comportements particulièrement mauvais et méchants, la mariée aurait certainement paru banale, il y a tellement de femmes qui s’impliquent à ce point dans l’organisation de leur mariage sans pour autant être de milieux particulièrement favorisés ni superficielles ou méchantes.

J’ai donc beaucoup aimé ce livre mais la satire que l’auteure y fait ne m’a réellement convaincue…

« Dans le livre posé sur la table de nuit, elle a lu une légende étrange : à l’origine, les êtres humains étaient doubles. Deux corps soudés dans une parfaite harmonie. Mais les dieux les ont un jour séparés. Depuis, chaque être passe sa vie à la recherche de son double exact, sa moitié perdue, et lorsqu’il la retrouve, ils s’unissent d’un amour parfait et inaltérable. Mais la plupart des êtres humains errent par toute la terre sans jamais découvrir la moitié dont ils ont été séparés. Ou alors, ils se trompent en croyant la trouver, et l’on voit se former des attelages bancals et douloureux. »

4 mariages pour 1 lune de miel ou comment exposer son mariage aux yeux de toute la France (et de la Belgique) en espérant qu’il soit le plus beau et le plus réussi pour gagner la lune de miel !
En lisant Une pièce montée, j’ai beaucoup pensé à cette émission, qui passe quotidiennement sur TF1, dans laquelle les mariées, tout comme Bérengère, semblent donner plus d’importance à la beauté de la cérémonie et à la réussite de la fête qu’aux sentiments et qu’à l’engagement que le mariage représente. Le plus important est d’avoir organisé le plus beau mariage et d’avoir obtenu la meilleure moyenne des notes que les autres participantes attribuent au lieu de fête, au repas, à l’ambiance de la journée et enfin à la beauté de la robe.
Je reconnais (un peu honteusement d’ailleurs) regarder cette émission de temps en temps, j’aime assez bien découvrir les visions que d’autres personnes peuvent avoir du mariage puis j’aime surtout voir les participantes « gâcher » le mariage des autres en leur attribuant des notes très basses et en critiquant les moindres détails de la soirée. Je ne suis pas sadique mais je pense simplement qu’elles y participent en toute connaissance de cause et je ne comprends pas qu’on laisse trois étrangères critiquer tout le déroulement de son mariage pour gagner une émission.
Cette émission ne me dérange pas en soi, d’autant plus que je la regarde, mais je ne conçois pas qu’on puisse y participer. Les mariages coûtent parfois extrêmement cher parce que les participantes font leur maximum pour gagner la lune de miel alors que, si la lune de miel est si importante pour elles, elles pourraient se fixer un budget un peu plus restreint et garder de l’argent pour partir en voyage. Je ne trouve pas qu’une lune de miel valle la peine de garder un mauvais souvenir de son mariage dû à toutes les critiques émises durant la soirée par les autres participantes. D’autant plus que la gagnante sera toujours la plus « méchante » et n’aura peut-être pas nécessairement organisé le plus beau mariage.
Je ne sais pas si vous trouverez mon lien très pertinent mais le livre comme l’émission mettent en évidence la superficialité de certaines personnes pour qui le paraître est bien plus important que les sentiments et l’engagement, le but étant, dans les deux cas, de réaliser LE PLUS BEAU MARIAGE qu’il soit !

"Dans un ami, il y a la moitié d'un traitre" [Rivarol]

Le doigt tendu est un livre que j’ai particulièrement aimé, je l’ai trouvé très agréable à lire et très prenant.

L’extrait que j’ai choisi pour cet exercice est la préface du livre. Je sais que Claude Raucy n’en est pas l’auteur mais j’ai choisi cet extrait parce que je pense que si j’ai tant aimé ce livre, s’il m’a tant captivée, la préface y est pour beaucoup. Elle introduit magnifiquement le sujet, fait en sorte que chaque lecteur se sente concerné et accentue l’importance du message véhiculé par l’histoire qui  suit. Comme nous l’avons fait remarquer en classe, grâce au tutoiement employé, à la façon naturelle de parler de France Bastia et à ses digressions dans cette préface, qui semble dès lors oralisée, le message transmis parait plus direct et a plus d’impact sur le ressenti du lecteur. 

Si la préface m’a touchée dans son intégralité, il y a deux petits passages qui m’ont particulièrement marquée.

Voici le premier :

« Parce que des gens racistes avaient décidé que d’autres gens différents d’eux n’avaient pas le droit d’exister. Tout simplement. Ils auraient pu tout aussi bien décider que devaient mourir tous les gens à cheveux roux, tous les gens nés en avril, tous ceux qui dépassaient 1m50 ou 80kg, ou tous les gens qui s’appelaient Pedro, ou Duong ou Abdel ou Mamadou, bref n’importe qui comme toi ou moi, ou Claude Raucy, l’auteur de ce livre. »

Si j’ai décidé de mettre ce passage en évidence c’est parce que je le trouve très parlant pour les jeunes, l’auteure explique à l’aide d’exemples le caractère arbitraire de ce génocide. Ces exemples sont significatifs et permettent aux lecteurs de se rendre compte qu’ils auraient très bien pu, eux aussi, être victimes d’un tel massacre si les critères avaient été différents et qu’ils avaient vécu à la mauvaise époque. En s’imaginant que nous aurions pu être nous-mêmes victimes, les faits nous touchent obligatoirement encore plus. J’ai trouvé que c’était un très bon moyen d’atteindre le jeune lecteur.

Je vais maintenant lire et expliquer le deuxième :

« Parce que le racisme, vois-tu, c’est la pire araignée qui soit et il faut le savoir, car elle est toujours tapie quelque part, et même en soi quelquefois. Et il faut la détecter à temps et s’en défendre et la combattre pour enfin réussir à lui écraser définitivement la tête dans le siècle qui vient. Ton siècle à toi. »

Ce que j’aime dans ce passage c’est que l’auteure ne blâme pas ceux qui ont une part de racisme en eux, elle admet en quelque sorte que tout le monde puisse l’être un peu mais elle insiste sur le fait qu’il faut en être conscient pour pouvoir le combattre car c’est mal. Je pense qu’un message de ce type a beaucoup plus d’influence sur les personnes racistes, du moins lorsqu’elles sont jeunes, car on ne s’attaque pas directement à elles, au contraire, on leur explique simplement qu’il faut le combattre car, comme l’a démontré l’Histoire, il peut avoir de très graves conséquences.